Ce blog est dédié au patrimoine et à la mémoire. Mémoire des pierres, mémoire des hommes. Nous sommes tous potentiellement des "passeurs de mémoire".
27 Mars 2015
Le cimetière de Verneuil est situé hors les murs de la ville ancienne, près de la Gueule d'Enfer. Etait-ce le cimetière de l’église Notre-Dame située à seulement 200 mètres ? On ne peut le dire mais la logique voudrait que ce dernier fût déplacé durant la Révolution comme les autres cimetières de la ville et principalement celui de l'église Sainte-Madeleine. Si le cimetière date de la Révolution, la porte d’entrée au cimetière et la croix hosannière sont bien antérieures puisque attribuées au début du 16ème siècle.
La porte d’entrée du vieux cimetière
Elle est formée par un cintre surbaissé retombant sur des pieds-droits terminés par une pyramide à crochets ; les niches des pieds-droits, sous les pyramides, ont été dépouillées de leurs statues ; une vieille porte en fer, à deux battants en forme de herse, avec son ancienne ferrure, en défend l’entrée. Roland Fornari, émet l’hypothèse que les grilles de la porte pourraient avoir été rapportées postérieurement à leur fabrication qui pourrait dater du 14ème ou 15ème siècle.
La Croix hosannière
Elle est formée d’une colonne triangulaire en grès de deux mètres de hauteur et surmontée d’une croix en fer. La colonne est remarquable. Nous découvrons en alternance un grès blanc en pied, puis un grès jaune, un autre grès blanc et un grès jaune au sommet. Les joints rendus apparents sont faits d’un mortier de terre cuite pilée et de petits silex de blocage. Elle présente les caractères typiques du début du 16ème siècle comme en atteste l’inscription figurant en frise sur le bloc supérieur mentionnant l'année 1529 : "L’AN M.D.XXIX JE FUST CY MISE TOUT DE NEUF, PRIEZ POUR CEULX QUI M’ONT FAICT FAIRE & POUR LOEURS AMIS TRESPASSES. QUE DIEU LEUR FACE PARDON". Les deux blocs suivants sont ornés d’ogives dont l’extrados surbaissé est garni de fleurons. Enfin le bloc inférieur présente des lièvres sculptés ainsi que des raisins. C’est un motif purement médiéval souvent associé au monde souterrain. On dit aussi que les lièvres associés au raisin représentent les âmes admises au paradis pour y savourer les fruits de la vie éternelle.
Une croix en fer forgé coiffe le tout.
La croix est accompagnée de deux ambons en grès monolithe. Ils étaient utilisés aux Rameaux pour la lecture ou le chant de l’épître et de l’Evangile.
Comme pour la porte, il est à supposer que la croix appartenait autrefois au cimetière d’une des églises de Verneuil, fort probablement à celui de l’église Sainte-Madeleine si l’on prend en compte l’Atlas Trudaine (1737) indiquant une telle croix proche de son chevet.
De nombreux historiens du 19ème siècle ont signalé ces deux monuments.
Sources
- E. Deslandres, Promenade archéologique à Verneuil-sur-Avre, avec plan et trois héliogravures, Verneuil, 1909 – AD Evreux 3 F 228
- Notice historique sur Verneuil, Paris, Imprimerie de J. Claye, 1869 – Reproduction de l’étude historique sur Verneuil publiée en 1856 dans l’annuaire du comice agricole par M. Bernard – Fond ancien Evreux.
- Musée des familles, (PG 671), 1861, p. 353-354 – AD Evreux